Les cosmonautes russes suivent un rituel bien particulier avant chaque lancement spatial, une tradition insolite initiée par Youri Gagarine en 1961. Cette coutume, qui peut sembler surprenante, perdure encore aujourd’hui et fait partie intégrante du programme spatial russe. Elle illustre l’importance des superstitions et des rituels dans le domaine de l’exploration spatiale.
L’origine de ce rituel remonte au 12 avril 1961, lorsque Youri Gagarine devint le premier homme à voyager dans l’espace à bord de Vostok 1. Avant d’embarquer, il fit un arrêt sur le chemin du pas de tir et urina sur la roue arrière droite du bus qui le conduisait à la fusée. Ce geste, spontané et sans intention particulière, s’est transformé au fil du temps en une véritable tradition. Depuis lors, chaque cosmonaute en partance pour l’espace doit reproduire ce rituel, perpétuant ainsi la mémoire de Gagarine.
Ce rite peut sembler anecdotique, mais il reflète un attachement profond aux traditions et aux croyances qui entourent les vols spatiaux. Les cosmonautes considèrent ce geste comme un porte-bonheur, une manière d’assurer le succès de leur mission. Même les femmes astronautes, bien qu’anatomiquement désavantagées pour imiter exactement Gagarine, trouvent des moyens d’honorer cette coutume, parfois en emportant un échantillon d’urine qu’elles versent sur la roue du bus.
Au-delà de ce rituel, d’autres traditions accompagnent les cosmonautes avant leur lancement. Par exemple, ils regardent le film soviétique Le Soleil blanc du désert, un western culte en Russie, la veille de leur départ. Ce film, sorti en 1969, raconte l’histoire d’un soldat de l’Armée rouge confronté à des bandits en Asie centrale. Sa diffusion est censée porter chance et symboliser la réussite de la mission.
Les cosmonautes suivent également une cérémonie de plantation d’arbres au cosmodrome de Baïkonour. Cette tradition a également été initiée par Gagarine, qui planta un arbre avant son vol historique. Ces arbres forment aujourd’hui une allée verdoyante, un hommage vivant aux nombreux aventuriers de l’espace qui ont suivi ses pas.
Autre coutume surprenante, les cosmonautes signent la porte de leur chambre d’hôtel avant le départ. Ce geste symbolique marque leur passage et leur engagement dans une mission périlleuse. Ils sont aussi soumis à une quarantaine stricte avant le vol afin d’éviter toute contamination par des virus ou bactéries qui pourraient affecter leur santé une fois en orbite.
Ces traditions, profondément enracinées dans la culture spatiale russe, montrent que même dans un domaine aussi scientifique que l’exploration spatiale, les superstitions et rituels jouent un rôle important. Ils apportent un sentiment de continuité, renforcent l’esprit d’équipe et participent à la préparation psychologique des astronautes avant leur grand voyage.