Yom Kippour, également appelé le Jour du Grand Pardon, est la fête la plus sacrée du judaïsme. Elle marque un moment de repentance, de purification et de retour vers Dieu à travers le jeûne, la prière et l’introspection. Observé le 10 Tishri dans le calendrier hébraïque, soit généralement en septembre ou octobre, il clôt les dix jours de pénitence commencés avec Roch Hachana, le Nouvel An juif. Cette journée est un pilier fondamental de la tradition juive, pratiquée par des millions de fidèles à travers le monde.
Origine et signification de Yom Kippour
Yom Kippour trouve son origine dans la Torah, notamment dans le Lévitique (16:30) où il est décrit comme un jour d’expiation durant lequel Dieu purifie son peuple de ses fautes. Selon la tradition, ce serait le jour où Moïse est redescendu du mont Sinaï avec les secondes Tables de la Loi, après avoir obtenu le pardon divin pour le péché du Veau d’or.
Ce jour est donc placé sous le signe du repentir et de la réconciliation entre l’homme et Dieu, mais aussi entre les individus. Il est considéré comme une opportunité de repartir sur de nouvelles bases pour l’année à venir.
Le jeûne et les interdits de Yom Kippour
L’une des principales pratiques de Yom Kippour est un jeûne total de 25 heures, qui commence au coucher du soleil la veille et se termine à la nuit tombée le jour suivant. Pendant cette période, il est interdit de :
- Manger et boire, même une goutte d’eau
- Se laver ou s’enduire le corps de lotions ou parfums
- Porter des chaussures en cuir (symbole de confort et de luxe)
- Avoir des relations conjugales
- Travailler ou accomplir toute activité profane
L’objectif de ces restrictions est de permettre aux fidèles de se détacher du monde matériel pour se consacrer entièrement à la prière, à la réflexion et à la purification spirituelle.
Les prières et rituels de Yom Kippour
Yom Kippour est marqué par cinq offices religieux :
- Kol Nidré (la veille) : cette prière solennelle ouvre la fête en annulant symboliquement les vœux et engagements non tenus de l’année écoulée.
- Shaharit (matin) : office du matin comprenant la lecture de la Torah et la récitation de la prière d’expiation.
- Moussaf (milieu de matinée) : prière supplémentaire évoquant le service du Grand Prêtre au Temple de Jérusalem.
- Min’ha (après-midi) : lecture du Livre de Jonas, qui illustre l’importance du repentir.
- Neïla (clôture) : moment culminant où les portes du pardon sont considérées comme prêtes à se refermer, suivi de la sonnerie du shofar (corne de bélier) annonçant la fin du jeûne.
Les fidèles passent une grande partie de la journée à la synagogue, vêtus de blanc, symbole de pureté et de renouveau spirituel.
La dimension spirituelle de Yom Kippour
Au-delà des interdictions et des prières, Yom Kippour est un temps de bilan personnel et collectif. Selon la tradition juive, c’est le jour où Dieu scelle le destin de chacun pour l’année à venir, après l’avoir inscrit dans le Livre de la Vie lors de Roch Hachana.
La repentance (téchouva) repose sur trois piliers essentiels :
- Reconnaissance des fautes : prendre conscience des erreurs commises envers Dieu et autrui.
- Prière sincère : demander pardon par des prières et supplications.
- Réparation des torts : pardonner aux autres et chercher à se réconcilier avant le début de Yom Kippour.
Il est dit que seul le pardon des hommes entre eux permet d’effacer les fautes interpersonnelles, d’où l’importance de demander pardon à ceux que l’on a blessés avant la fête.
L’impact de Yom Kippour aujourd’hui
Yom Kippour est observé par des millions de Juifs dans le monde, qu’ils soient religieux ou non. Même parmi ceux qui ne pratiquent pas régulièrement, beaucoup considèrent cette journée comme un moment de réflexion et de retour à l’essentiel.
En Israël, c’est un jour férié où tout s’arrête : les commerces ferment, la télévision et la radio cessent d’émettre, et la circulation est quasi inexistante, les rues étant souvent remplies de piétons et de cyclistes.
Dans d’autres pays, les communautés juives organisent des offices dans les synagogues et parfois dans des lieux spécifiques pour accueillir un grand nombre de fidèles.
Yom Kippour et la santé
Le jeûne de 25 heures peut être éprouvant, notamment pour les personnes malades, âgées ou enceintes. La loi juive permet aux personnes dont la santé est en danger de manger et boire en petites quantités si nécessaire. Il est recommandé de bien s’hydrater et de consommer des aliments riches en glucides avant le jeûne pour éviter la déshydratation et l’épuisement.
La fin de Yom Kippour et les traditions post-jeûne
À la fin de Yom Kippour, la sonnerie du shofar marque la clôture de cette journée sacrée. Beaucoup de familles se réunissent alors pour un repas festif afin de rompre le jeûne, souvent composé de plats légers et hydratants comme des soupes, des pains et des gâteaux au miel.
Ce moment de convivialité symbolise un nouveau départ, avec l’espoir d’une année placée sous le signe de la paix et de la spiritualité.