L’expression « cinquième colonne » trouve son origine pendant la guerre civile espagnole (1936-1939). En 1936, le général franquiste Emilio Mola, l’un des principaux commandants des forces nationalistes, menait une offensive contre Madrid, tenue par les républicains. Il déclara alors qu’il avançait vers la capitale avec quatre colonnes militaires et que, simultanément, une « cinquième colonne » agissait à l’intérieur de la ville pour saper la défense de l’ennemi.
Cette déclaration faisait référence aux partisans nationalistes présents dans Madrid, qui menaient des actions clandestines : sabotage, espionnage, désinformation et soutien logistique aux forces franquistes. Bien que certains historiens remettent en question l’authenticité exacte de cette phrase, son impact fut immédiat et durable. Très vite, l’expression « cinquième colonne » s’est imposée dans le vocabulaire militaire et politique pour désigner des traîtres infiltrés travaillant en faveur d’un adversaire.
Les caractéristiques d’une « cinquième colonne »
Une « cinquième colonne » se distingue par plusieurs éléments :
- Une infiltration discrète : Ses membres agissent au sein même de l’entité qu’ils cherchent à affaiblir, que ce soit un pays, une organisation ou une entreprise.
- Des actions variées : Sabotage, espionnage, propagande, désinformation ou corruption, les moyens employés sont divers et souvent insidieux.
- Un soutien à l’ennemi extérieur : L’objectif est de préparer le terrain pour une attaque ou une prise de contrôle par une force extérieure.
Exemples historiques de cinquième colonne
La Seconde Guerre mondiale et la peur des infiltrés
Durant la Seconde Guerre mondiale, la crainte d’une « cinquième colonne » a mené à des mesures drastiques dans plusieurs pays. Aux États-Unis, par exemple, après l’attaque de Pearl Harbor en 1941, le gouvernement a interné des milliers de citoyens d’origine japonaise, craignant qu’ils ne soutiennent l’Empire du Japon de l’intérieur. De même, en France, sous l’Occupation, des collaborateurs travaillaient pour l’occupant nazi, fournissant des informations et aidant à la répression de la Résistance.
La Guerre froide et les espions infiltrés
Pendant la Guerre froide (1947-1991), l’expression « cinquième colonne » a souvent été utilisée pour désigner les espions soviétiques infiltrés dans les administrations occidentales. Aux États-Unis, la chasse aux « rouges » menée par le sénateur Joseph McCarthy dans les années 1950 visait à identifier et neutraliser des agents communistes présumés au sein du gouvernement, d’Hollywood ou des universités. En Union soviétique, de nombreux dissidents étaient accusés d’être des agents infiltrés de l’Occident.
Exemples contemporains de « cinquième colonne »
Aujourd’hui, l’expression est toujours utilisée pour désigner des infiltrations ou des réseaux d’espionnage dans différents domaines :
- Dans la cybersécurité : Des groupes de hackers liés à des États étrangers infiltrent des infrastructures stratégiques (énergie, télécommunications, finance) pour collecter des informations ou perturber un pays.
- Dans le terrorisme : Certains groupes terroristes utilisent des sympathisants implantés dans les sociétés occidentales pour mener des attaques ou recruter des membres.
- Dans la politique et la géopolitique : Des accusations de « cinquième colonne » sont parfois lancées contre des figures politiques ou des organisations soupçonnées de travailler pour une puissance étrangère.
La « cinquième colonne » dans la culture populaire
L’idée d’un ennemi intérieur a toujours fasciné les écrivains, les cinéastes et les créateurs de jeux vidéo. On retrouve des références à la « cinquième colonne » dans :
- La littérature : George Orwell, dans 1984, explore la paranoïa d’un État où tout individu peut être un ennemi infiltré.
- Le cinéma : Des films d’espionnage comme Les Patriotes ou Le Pont des espions illustrent le travail des agents doubles et des infiltrés.
- Les séries et jeux vidéo : Des franchises comme Metal Gear Solid ou Homeland mettent en scène des ennemis dissimulés au sein des forces alliées.
Comment détecter une « cinquième colonne » ?
Les gouvernements et entreprises mettent en place différentes stratégies pour identifier d’éventuelles menaces internes :
- Renseignement et surveillance : Les services de renseignement surveillent les activités suspectes, que ce soit dans l’armée, la politique ou les entreprises sensibles.
- Vérifications de sécurité : Des contrôles approfondis sont réalisés pour les employés travaillant sur des projets sensibles.
- Lutte contre la désinformation : Les médias et les institutions sensibilisent à la manipulation de l’information et aux tentatives d’influence étrangères.
En conclusion
L’expression « cinquième colonne », née de la guerre civile espagnole, reste un concept d’actualité, illustrant la peur d’un ennemi intérieur travaillant pour une force extérieure. Qu’il s’agisse d’espions, de collaborateurs ou d’infiltrés, la menace est toujours prise au sérieux par les États et les organisations. Aujourd’hui, avec l’essor du numérique et des conflits hybrides, la « cinquième colonne » prend de nouvelles formes, notamment via la cyberattaque et la propagande en ligne.