Le somnambulisme intrigue depuis des siècles. Voir une personne se lever, marcher, parfois parler tout en dormant, fascine et inquiète à la fois. La question que beaucoup se posent est simple : est-ce dangereux de réveiller un somnambule ? Entre légendes urbaines, recommandations médicales et réalités scientifiques, faisons le point complet sur ce phénomène nocturne mal compris.
Qu’est-ce que le somnambulisme ?
Le somnambulisme est un trouble du sommeil classé parmi les parasomnies. Il survient pendant le sommeil profond, plus précisément au cours du stade N3, c’est-à-dire durant le sommeil lent profond, et non pendant le sommeil paradoxal comme on pourrait le croire. Il se manifeste par des comportements moteurs complexes comme marcher, s’habiller, ou même manger, alors que la personne est encore partiellement endormie. Les yeux peuvent être ouverts, mais le regard est souvent vide ou sans expression.
Le somnambulisme touche principalement les enfants entre 4 et 12 ans. Environ 15 % d’entre eux feront au moins un épisode de somnambulisme. Chez les adultes, le phénomène est plus rare, souvent associé à des troubles du sommeil plus profonds, du stress ou certaines pathologies neurologiques.
Réveiller un somnambule : danger ou précaution ?
Contrairement à une croyance répandue, il n’est pas dangereux de réveiller un somnambule. Il n’y a aucun risque que la personne « meure sur le coup » ou subisse un choc physiologique. Ce mythe est sans fondement scientifique. En revanche, il est vrai qu’un réveil brutal peut désorienter le somnambule. Il peut être confus, effrayé, ou réagir de manière agressive car il ne comprend pas immédiatement où il est ni ce qui se passe.
Cette confusion s’explique par le fait que le cerveau est encore partiellement endormi. Le cortex préfrontal, impliqué dans la prise de décision et la conscience, fonctionne au ralenti. Réveiller quelqu’un dans cet état peut donc provoquer une réaction panique ou un état de stress aigu.
Comment réagir face à un somnambule ?
La meilleure chose à faire lorsque vous êtes en présence d’un somnambule est de ne pas chercher à le réveiller brutalement. Voici les recommandations :
- Parlez doucement, avec une voix calme.
- Guidez la personne vers son lit avec douceur.
- Évitez de la toucher brusquement.
- Assurez-vous que l’environnement est sécurisé (pas d’escaliers ouverts, objets tranchants, portes d’entrée fermées).
Dans certains cas, si le somnambule est en danger immédiat (près d’une fenêtre, au bord d’un escalier, manipulant un objet dangereux), il peut être nécessaire de le réveiller. Mais cela doit se faire le plus doucement possible, en évitant les gestes brusques.
Quelles sont les causes du somnambulisme ?
Les causes du somnambulisme sont variées, mais incluent souvent :
- La privation de sommeil
- Le stress ou l’anxiété
- La fièvre (chez les enfants)
- Les troubles neurologiques (épilepsie, parasomnie complexe)
- La consommation d’alcool ou de médicaments sédatifs
Certaines études montrent également que le somnambulisme a une composante génétique. Si un des parents était somnambule, l’enfant a plus de chances de l’être également.
Le réveil d’un somnambule en chiffres
Selon une étude publiée dans la revue Neurology, plus de 58 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été réveillées durant un épisode de somnambulisme. Parmi elles :
- 38 % rapportent avoir été désorientées.
- 19 % ont ressenti de la peur ou de l’anxiété.
- 8 % ont eu une réaction agressive involontaire.
Ces chiffres confirment que le danger ne réside pas dans le réveil lui-même, mais dans la manière dont il est effectué.
Le traitement du somnambulisme
La plupart du temps, aucun traitement médical n’est nécessaire, surtout chez les enfants. Le phénomène disparaît généralement à l’adolescence. Toutefois, en cas d’épisodes fréquents, prolongés ou dangereux, un accompagnement peut être envisagé :
- Mise en place d’une hygiène de sommeil stricte
- Techniques de relaxation ou thérapies cognitives
- Traitements médicamenteux (dans les cas extrêmes et sous surveillance médicale)
Il est aussi recommandé de tenir un journal du sommeil pour repérer les déclencheurs potentiels : horaires de coucher, alimentation, consommation d’écrans, événements stressants.
Le somnambulisme et la responsabilité
Une question juridique se pose parfois : un somnambule peut-il être tenu responsable d’un acte commis durant un épisode ? En droit, la réponse est complexe. Dans plusieurs cas judiciaires, des personnes ont été acquittées car elles étaient en état de somnambulisme prouvé lors des faits. L’irresponsabilité pénale repose alors sur l’absence de conscience et de volonté au moment de l’acte. Ces cas restent rares mais illustrent bien la complexité de ce trouble.
En conclusion
Réveiller un somnambule n’est pas dangereux en soi, mais demande de la prudence. Le mieux reste souvent de guider doucement la personne vers un endroit sûr, sans provoquer de choc. Le somnambulisme est un trouble fascinant, encore mal compris, mais généralement bénin. Comprendre ses mécanismes permet de réagir avec calme et bienveillance.
Rappel important
Si un somnambule se met en danger (fenêtre, escalier, couteau), intervenir avec prudence est essentiel pour éviter un accident grave.