Le pseudonyme Alan Smithee est devenu une légende dans l’univers du cinéma. Créé en 1969 par la Directors Guild of America (DGA), il permettait aux réalisateurs de se désolidariser d’un film qu’ils n’approuvaient plus. Cet alias a été utilisé pendant plus de 30 ans, avant que sa popularité ne force la DGA à l’abandonner. Revenons sur son origine, son usage et son impact sur l’industrie cinématographique.
L’origine du pseudonyme Alan Smithee
Le pseudonyme Alan Smithee apparaît en 1969 avec le film Death of a Gunfighter. Ce western a connu une production chaotique : initialement réalisé par Robert Totten, il a été terminé par Don Siegel, à la suite de désaccords avec l’acteur principal, Richard Widmark. Ne voulant créditer ni Totten ni Siegel, la DGA a proposé un pseudonyme unique et anonyme : Alan Smithee.
La règle était simple : un réalisateur pouvait demander que son nom soit remplacé par Alan Smithee s’il prouvait que le montage final trahissait totalement sa vision artistique. Ce système visait à protéger la réputation des cinéastes tout en respectant leur désaccord avec les studios.
Les usages célèbres d’Alan Smithee au cinéma
Au fil des années, de nombreux films problématiques ont été signés Alan Smithee :
- Hellraiser: Bloodline (1996) : Kevin Yagher, réalisateur, a utilisé le pseudonyme après que les producteurs eurent fortement modifié son montage.
- Burn Hollywood Burn: An Alan Smithee Film (1997) : Ce film méta, racontant l’histoire d’un réalisateur qui veut retirer son nom d’un film, a été ironiquement renié par son propre réalisateur, Arthur Hiller, qui a signé sous Alan Smithee.
Outre les longs-métrages, Alan Smithee a été utilisé pour des épisodes de séries télévisées, des vidéoclips et même des versions modifiées de films pour la télévision.
Pourquoi Alan Smithee a été abandonné en 2000
L’usage du pseudonyme Alan Smithee a pris fin en 2000. Sa notoriété, amplifiée par le film Burn Hollywood Burn, avait rendu l’alias trop identifiable. Le public, connaissant désormais la signification du nom, comprenait immédiatement qu’un film signé Alan Smithee était synonyme de production chaotique. Cela annulait l’objectif principal du pseudonyme : protéger l’anonymat et la réputation du réalisateur.
Dès lors, la DGA a cessé d’autoriser l’usage officiel d’Alan Smithee. Désormais, les réalisateurs insatisfaits peuvent demander à ne pas être crédités du tout ou choisir un pseudonyme personnalisé.
L’héritage culturel d’Alan Smithee
Bien qu’abandonné, Alan Smithee reste profondément ancré dans la culture cinématographique. Il symbolise les conflits entre créativité artistique et pression commerciale. Le nom est souvent cité dans les discussions sur les droits des réalisateurs, la censure et l’ingérence des studios.
Des critiques et universitaires considèrent Alan Smithee comme une forme de protestation artistique. Il rappelle que même à Hollywood, l’auteur d’une œuvre peut perdre le contrôle de sa création.
Alan Smithee dans la culture populaire
Le mythe Alan Smithee a dépassé le cadre du cinéma. Il est mentionné dans des séries télévisées, des chansons et des documentaires sur l’industrie du divertissement. Des cinéphiles ont même créé des chaînes YouTube sous ce pseudonyme pour critiquer les films.
En conclusion
Alan Smithee n’est pas qu’un simple pseudonyme : c’est un symbole de la lutte des artistes contre les contraintes de l’industrie. Bien qu’il ne soit plus utilisé officiellement, son héritage continue d’inspirer et d’alimenter les débats sur la liberté artistique au cinéma.