Le baby farming était une pratique courante en Angleterre à l’époque victorienne. Il s’agissait de la prise en charge rémunérée d’enfants, souvent issus de familles pauvres ou de mères célibataires, par des nourrices ou des établissements. Mais sous couvert de soin, cette pratique a conduit à des abus et négligences dramatiques, marquant une période sombre de l’histoire sociale britannique.
Les origines sociales du baby farming
Au XIXe siècle, l’Angleterre connaissait de profondes mutations industrielles et sociales. De nombreuses femmes, souvent célibataires et en grande détresse, ne pouvaient pas élever leurs enfants. Faute de moyens, elles se tournaient vers des “baby farmers”, payant une somme unique ou des mensualités pour la prise en charge de leur enfant. Le manque de régulation a ouvert la porte à des abus : certains baby farmers minimisaient les coûts, fournissant à peine de quoi nourrir les enfants.
Négligence et abus : le sombre quotidien des enfants
Les enfants pris en charge par les baby farmers vivaient souvent dans des conditions insalubres. Une alimentation insuffisante, des soins médiocres et des maladies fréquentes entraînaient une mortalité élevée. Des baby farmers, pour continuer à percevoir leur rémunération sans dépenser, laissaient les enfants mourir de faim. Certains allaient jusqu’à les assassiner, simulant des décès naturels.
Amelia Dyer : un symbole macabre de cette époque
Parmi les figures tristement célèbres du baby farming, Amelia Dyer incarne l’horreur de cette pratique. Infirmière de formation, elle se tourna vers le baby farming pour gagner sa vie. Rapidement, elle adopta une méthode sinistre : elle étranglait les bébés pour empocher l’argent sans avoir à les entretenir. Son arrestation en 1896, après la découverte de cadavres d’enfants dans la Tamise, provoqua une indignation nationale. Elle fut jugée et exécutée la même année.
Les réactions publiques et politiques face au scandale
Les crimes d’Amelia Dyer et d’autres baby farmers firent grand bruit. L’opinion publique, horrifiée, demanda des réformes. Les journaux relatèrent les procès, exposant l’ampleur des abus. Cela provoqua un changement dans les lois britanniques visant à encadrer les pratiques de prise en charge des enfants.
Les réformes législatives contre le baby farming
Les scandales liés au baby farming ont contribué à des avancées législatives majeures. En 1872, le Infant Life Protection Act imposa l’enregistrement des personnes prenant en charge des nourrissons moyennant rémunération. En 1908, le Children Act renforça encore la protection des enfants, interdisant toute exploitation similaire. Ces lois posèrent les bases d’un système de protection de l’enfance plus rigoureux.
L’héritage du baby farming dans l’histoire sociale
L’époque du baby farming rappelle la vulnérabilité des enfants face à des systèmes sociaux défaillants. Elle a aussi marqué le début d’une prise de conscience sur la nécessité de protéger l’enfance. Aujourd’hui encore, cette période reste un symbole des dérives qu’engendre l’absence de réglementation.
En conclusion
Le baby farming en Angleterre victorienne illustre la face sombre d’une époque marquée par la pauvreté et l’exploitation. Cette pratique, bien que tragique, a contribué à faire émerger des lois protégeant les enfants, un héritage essentiel qui résonne encore aujourd’hui.
Rappel important :
Cette période historique illustre les dangers des systèmes non réglementés. Elle a conduit à des réformes essentielles pour la protection de l’enfance.