Le thon en conserve est apprécié pour sa praticité, sa richesse en protéines et son goût. Pourtant, une inquiétude revient régulièrement : contient-il du mercure ? Et si oui, en quelle quantité ? Est-ce dangereux pour la santé ? Faisons le point pour mieux comprendre et adopter les bons gestes.
Le mercure : qu’est-ce que c’est et comment arrive-t-il dans les océans ?
Le mercure est un métal lourd naturellement présent dans la croûte terrestre. Il peut provenir d’activités volcaniques, mais la majorité de la pollution au mercure dans les océans provient aujourd’hui des activités humaines : combustion de charbon, exploitation minière, rejets industriels, etc.
Une fois libéré dans l’environnement, le mercure est transformé par les micro-organismes marins en méthylmercure, une forme organique particulièrement toxique. Cette substance s’accumule ensuite dans les organismes marins via un phénomène appelé bioaccumulation. Plus on monte dans la chaîne alimentaire, plus la concentration augmente : on parle de biomagnification.
Pourquoi le thon est-il particulièrement concerné ?
Le thon est un prédateur marin de grande taille. Il se situe tout en haut de la chaîne alimentaire. Il consomme de nombreux poissons plus petits qui ont eux-mêmes déjà accumulé du méthylmercure. Résultat : sa chair en contient des niveaux relativement élevés, surtout chez les espèces comme :
- Le thon albacore (ou thon jaune)
- Le thon blanc (germon)
- Le thon rouge
Ces espèces sont plus exposées que d’autres poissons comme la sardine ou le maquereau. À noter que plus un thon est âgé et gros, plus sa teneur en méthylmercure sera élevée.
Est-ce dangereux pour la santé humaine ?
Oui, en trop grande quantité. Le méthylmercure est un neurotoxique puissant. Il peut endommager le cerveau, le système nerveux et les reins. Les populations les plus sensibles sont :
- Les femmes enceintes (le fœtus est très vulnérable)
- Les jeunes enfants
- Les nourrissons via l’allaitement
Les effets peuvent aller de simples troubles cognitifs à des atteintes neurologiques graves. Cela dit, il ne s’agit pas d’alerter inutilement : les autorités sanitaires encadrent très strictement la consommation de poissons riches en mercure.
Quelle est la dose acceptable de mercure ?
Selon les agences de santé, la dose hebdomadaire tolérable de méthylmercure est de 1.6,μg/kg de poids corporel. Pour une personne de 60 kg, cela représente environ 96,μg par semaine. Certains types de thon en boîte peuvent contenir entre 100 et 400,μg/kg de méthylmercure. Un calcul rapide montre qu’une portion de 150g de thon peut parfois dépasser la dose recommandée, surtout si elle est répétée plusieurs fois par semaine.
Recommandations officielles de consommation
Pour les adultes en bonne santé :
Il est conseillé de consommer du thon 1 à 2 fois par semaine maximum, en alternant avec des poissons à faible teneur en mercure (comme le saumon ou la sardine).
Pour les femmes enceintes, allaitantes et les enfants :
- Évitez les poissons prédateurs (thon, espadon, requin).
- Privilégiez les poissons comme :
- le saumon
- la sardine
- le maquereau
- le hareng
- Ces poissons sont riches en oméga-3 et bien moins contaminés.
Tous les thons en boîte sont-ils équivalents ?
Non. Plusieurs critères influencent la teneur en mercure :
- Espèce de thon : Le thon listao (skipjack) est moins contaminé que l’albacore.
- Origine géographique : Certaines zones de pêche sont plus polluées.
- Taille du poisson : Les plus petits contiennent moins de mercure.
Il est donc judicieux de lire les étiquettes et de privilégier les marques transparentes sur la traçabilité.
Que disent les autorités sanitaires ?
L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) recommande la modération, sans proscrire totalement la consommation de thon. L’idée est de varier les sources de protéines marines, afin de bénéficier des avantages nutritionnels du poisson sans risquer d’accumuler trop de toxiques.
Le thon est-il quand même bon pour la santé ?
Oui, à condition d’être consommé raisonnablement. Le thon est riche en :
- Protéines complètes
- Oméga-3
- Vitamines B
- Sélénium
Ces éléments sont bénéfiques pour le cerveau, le cœur et les muscles. Le tout est de ne pas en abuser, surtout en ce qui concerne le thon blanc et albacore.
En conclusion
Le thon en boîte n’est pas dangereux s’il est consommé avec modération et en alternance avec d’autres poissons moins contaminés. Il ne contient pas de mercure ajouté intentionnellement, mais il peut en accumuler naturellement via son alimentation. Adopter une consommation responsable, surtout pour les populations sensibles, permet de profiter de ses bienfaits tout en évitant les risques pour la santé.
Rappel important
Le méthylmercure est un neurotoxique : les femmes enceintes et les jeunes enfants doivent éviter les poissons prédateurs comme le thon.